Par où commencer ? Par où finir ? Commençons par ce qu’elle est, finissons par où elle terminera. Dans un laboratoire quelque part au Liban, des scientifiques s’agitaient dans tous les sens pour finir leur chef-d’œuvre qu’ils avaient mis tant de temps à réaliser. Peut-être qu’avec ceci toutes les guerres seraient remportées et toutes les batailles gagnées d’avance ? Ils avaient mis tant d’effort dans ce projet que le voir échouer serait sans doute une énorme déception. Alors que tout semblait prêt, un silence régna tout d’un coup, un silence lourd et pesant. Tout le monde retenait sa respiration, tout le monde voulait que cela réussisse, tout le monde voulait voir leur aboutissement de leur tâche. Le scientifique en chef prit une grande respiration avant d’abaisser un levier dans un bruit sourd. Les machines, animées comme par une mystérieuse énergie, se mirent en marche et les lumières du laboratoire commencèrent à clignoter de manière irrégulière, à cause de la déviation d’énergie. Plusieurs liquides s’écoulèrent dans une cuve au centre de la pièce par de multiples tuyaux, et tandis que toute la machinerie atteignait la puissance maximum, les scientifiques se remirent au travail pour vérifier que tous les systèmes fonctionnent. Il eut cependant un imprévu – sinon l’histoire aurait été trop belle – et des alarmes crièrent de tous les côtés. La chaleur des machines devenait trop élevée et la cuve devenait bouillante de minute en minute. Tout s’arrêta d’un coup, le noir régnant dans l’ensemble de la pièce durant quelques secondes, pour disparaître dans la lumière rougeâtre des lampes de secours. L’expérience avait fonctionné ? Ou bien… Non. Les scientifiques ne pouvaient imaginer un échec, bien que la plupart d’entre eux furent déjà prêts à l’accepter. La cuve s’ouvrir et le liquide à l’intérieur s’écoula sur le sol. C’est ainsi que l'hybride est né. Nom officiel de l'expérience en hommage au financier de ce projet : Angel Howard.

Ainsi commence sa vie, dans un laboratoire. Les premiers jours, elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, ce qu’il se déroulait, pourquoi les scientifiques ne cessaient de lui tourner autour. Elle ne comprenait pas également pourquoi elle passait constamment des batteries de tests en permanence, que ça soit sur son état de santé, sur ses performances aussi bien que physique ou mental ou encore sur sa partie non humaine. Plus les jours avançaient, plus elle devenait un sujet des plus sérieux, et surtout des plus délicats entre les scientifiques. Certains voulurent l’utiliser comme une arme de guerre, une arme quasi indestructible. Une autre partie voulut l’utiliser comme une simple esclave, comme tout hybride, pour accomplir des tâches simples, car lui confier une arme était comme signer leur arrêt de mort. La proposition fort alléchante du gouvernement en apprenant la nouvelle les mit tous d’accord et s’en débarrassa sans remords. Tous… Enfin… Tous sauf un. Bien que le chef des scientifiques n’avait pas le choix, il était contre vendre sa création, et pour poser une sorte d’empreinte sur la demoiselle, il lui offrit un bracelet qu’elle ne cessa jamais de porter. Passons…

Vendue au gouvernement libyen, elle se retrouva rapidement dans une cage pour savoir ce qu’on allait faire d’elle, et où l’envoyer. On la dépouilla de tous ces biens, y compris du cadeau du scientifique, et rapidement, elle se retrouva une arme à la main et sur le champ de bataille à tuer des humains. Nom de code de guerre de la demoiselle : Tyna. Était-ce bien ? Angel ne le savait pas, et on lui avait dit de faire ainsi. Si elle obéissait, la demoiselle avait de la nourriture et de l’eau le soir. Sinon, elle était punie. Devenant un bon petit soldat, elle devint une terrible arme de guerre, une arme pouvant se transformer en phénix et pouvant se soigner plus vite que toute autre personne. Elle était devenue une esclave docile et obéissante.

Mais un jour tout cela changea, elle prenait une nouvelle voie, et sûrement pas plaisante pour ces maîtres. Alors que la demoiselle revenait d’une nouvelle bataille, Angel devait faire son rapport au chef de section comme à son habitude. Rapport terminé, de façon très formelle et naturellement fortement satisfaisant pour le maître, elle retourna dans sa cage, où elle retrouva avec un certain étonnement ses affaires personnelles. Qui les avait mises là ? Et pourquoi ? Ouvrant le seul sac qu’elle possédait et fouillant dedans, elle retrouva son ancien bracelet, complètement recouvert de poussière malgré le contenant. Le frottant délicatement de ces doigts, Angel plongea soudainement dans ces pensées, et comprit ce qui lui arrivait. Elle était… Elle était devenue un jouet !!! Ne me demandez pas comment cette prise de conscience lui est venue, mais je ne pourrais seulement vous dire que lorsque le scientifique lui a confié cet objet, il lui a demandé de ne jamais devenir le pion de quiconque. Sur le coup, elle n’avait pas compris ces paroles, mais dorénavant… Rentrant dans une colère noire, elle prit une arme dans la réserver – chose tout à fait normale si une personne qui la voyait – et tira sur tout ce qui bougea. Elle avait été manipulée, contrôlée et toute sa vie lui avait coulée entre les doigts.

Il fallut bien une bonne journée et de nombreux morts pour la neutraliser, car même si elle n’avait plus de munition, elle luttait de toutes ces forces avec tout ce qui lui tomba sous la main pour anéantir les hommes qui l’avaient soumise. Après une dure lutte de tentative de liberté, elle se retrouva de nouveau dans sa cage, enchaînée et trempée jusqu’aux os. Oui, tremper, car ainsi elle aurait beaucoup plus de difficulté à se transformer pour se libérer. Durant des mois et des mois entiers ils tentèrent de la raisonner, de manière douce tout d’abord, puis plus « brutale ». C’était un atout à ne pas perdre, mais ne rien y faire : elle ne voulait plus coopérer. Même si on lui promettait plus de liberté qu’un hybride normal, elle était catégorique : elle refusait de travailler pour ces ordures. Ce furent des temps bien sombres pour Angel qu’elle ne souhaite pas forcément se rappeler, des cicatrices qu'il ne faut pas rouvrir, marqué autant que physiquement que moralement par cette atroce expérience. Un jour, le chef de la base où elle se situait s’approcha d’elle avec mépris, et lui balança un grand coup de pied dans l’estomac en souriant. La douleur de la demoiselle ne fit qu’agrandir cette joie sur le visage de cette pourriture.

« Je t’ai trouvé un coin sympa où tu pourras pourrir et ne plus jamais te rebeller. Est-ce que tu as déjà visité la France ? »

C’était sa destination, et sur un geste de cet homme, on l’embarqua pour le pays de la Tour Eiffel.