Quand on rencontre un bonhomme avec un caractère comme le mien, c'est toujours la même réaction, j'en suis conscient: "il a du avoir une enfance difficile" ou encore "il n'a pas du avoir de repères". C'est la même histoire chaque fois. Laissez moi vous dire "NON!". Ma vie n'a pas été le champ de mine que vous vous imaginez, je ne suis pas cet enfant que vous pensez voir en moi, abandonné, délaissé, toujours en larmes. Non, j'ai bien vécu, je suis juste une saleté d'ordure! Vous voulez tout savoir? Laissez moi tout vous raconter.
Tout a commencé il y a 22 ans, je suis né hors mariage, ma mère avait été la maîtresse d'un homme plutôt riche et, lorsque sa femme était partie sans raison, était devenue sa nouvelle épouse. Je ne me souviens que très peu des années que j'ai passé dans le petit appartement de ma mère, qui s'évertuait à s'occuper de moi. J'avais 5 ans quand nous avons quittés cet appartement. Nous devenions des Duchant. C'était un nom bizarre, je trouvais. Je le pense encore plus, maintenant. Ma mère s'occupait toujours de moi, mais elle n'avait plus besoin de cumuler trois emplois et pouvait aussi s'occuper d'elle, à présent. Ma petite soeur est née un an plus tard. Nous avons tous les trois choisis son prénom: Erina. J'ai passé beaucoup de temps à m'occuper d'elle et à l'admirer, c'est la seule personne que j'aime encore et dont j'ai encore besoin, je souhaite qu'elle ne disparaisse jamais. Nous avons grandis ensemble, chacun à notre rythme et découverts les bouleversements de l'arrivée des hybrides dans les foyers, de tout ce qui se faisait de plus nouveau. Nous avions tout. Mais notre père, tel le bourgeois gentilhomme, voulait plus de pouvoir. L'argent? Il n'en avait jamais assez! Les invitations dans les soirées? Il lui en fallait plus. Il voulait plus de tout ce qu'il pouvait avoir, jusqu'à l'orgie. Lorsqu'il s'énervait car il se sentait trop loin de son but ultime, j'emmenais Erina se promener ou voir un film. Je préservais son innocence et elle préservait la mienne. C'est ainsi que nous vivions, avec notre mère. Notre mère et ses produits de beauté, ses nouveaux vêtements, jusqu'à l'overdose. Elle aimait faire flamber la carte bleue, encore et encore! Nos parents devenaient fous, ils nous laissaient de coté pour poursuivre leurs rêves, mais nous trouvions cela normal et nous entraidions pour atteindre les nôtre. Erina était la seule personne dont je pouvais accepter l'aide! Ma petite soeur était plus intelligente que la moyenne, elle avait sauté deux classes, c'était impressionnant. J'avais peur qu'elle me rattrape. Un jour, nous étions allés dans cette pâtisserie de luxe et avions vu ce gâteau à la forme amusante, c'est à partir de là que j'avais décidé de ma vocation. J'aimais déjà dessiner et imaginer. Je voulais imaginer des gâteaux! J'avais peu à peu compris que la cuisine n'était pas pour moi, je préférais m’atteler à l'aspect plastique et esthétique de la chose. Notre cuisinier réalisait chacun de mes dessins, tous le monde m'encourageait. La conseillère d'orientation de mon collège ne m'avait pas prit au sérieux alors je l'ai accusée de nuire à mon avenir, mon père s'est débrouillé pour qu'elle soit renvoyée. C'était logique pour moi. Je suis entré dans un lycée du design, puis j'ai poursuivi avec un diplôme supérieur en trois ans. J'ai intégré cette boîte l'année dernière: une biscuiterie-pâtisserie de luxe qui a prit la place de celle où j'avais décidé de ma voie d'avenir. Elle avait déjà trois annexes en France et comptait s'étendre sur le monde. La patronne se fichait de mon manque d'expérience, elle aimait ce que je faisais: c'est comme ça que ça marche dans ce domaine! Et puis elle aimait mon nom, surtout. J'ai été promu facilement. Un an plus tôt, nos parents se séparaient suite à la relation adultère de ma mère avec un des hybride de maison. Elle avait refusé de quitter la maison, et le luxe dont elle disposait et avait fini par se tailler les veines dans la salle de bain pour "être restée là jusqu'à la fin de ses jours". Nous avions eu bien des difficultés à en parler à Erina... A présent je déteste ces monstres que sont les hybrides. Mon père me donne de l'argent quand je lui en demande, mais je préfère vivre de mon salaire.